Des cours dans les nuages ou les mains dans le cambouis?
Aujourd’hui, les mains dans le cambouis pour une petite présentation des essais de déploiement de Google Apps Education.
Paradoxe des paradoxes, moi qui suis plutôt pour le libre, je viens vous présenter un système propriétaire du grand G…
Pourtant, j’ai auparavant, installé toute la salle d’arts plastiques sous Linux pour éviter de conforter les représentations des élèves imprégnés de Windows et Ms Office, tels de futurs cerveaux bien préparés à une consommation numérique de masse. Cette gestion de machines sous Linux est aussi une option pragmatique sachant que les machines dont je dispose n’ont pas les ressources suffisantes pour supporter un OS tel que Ms Windows et aussi (peut-être surtout), plus simplement parce que au moins sous Linux ça fonctionne (!!!) ; en effet, mon cœur de métier n’est pas la maintenance informatique, ni la gestion des antivirus de tous poils encore moins la réparation des interfaces perméables à la moindre erreur de manipulation mais la pédagogie des Arts Plastiques.
Bref, depuis plusieurs années donc, la salle fonctionne avec des PC plus ou moins récents, exploités sous Ubuntu et Slitaz, il serait possible de développer davantage le choix de ces deux distributions, un article complet sur cette question ne serait pas superflu mais ceci est une autre histoire.
Les ressources numériques en classe c’est avant tout des fichiers à échanger ou à partager.
Si au fil des années et des établissements, j’ai abordé les problèmes de gestion de fichiers d’abord sous Dmanager, sous Hyla, puis sous Owncloud, il est clair que la question de l’ENT s’est imposée progressivement pour essayer d’éviter de multiplier les mots de passe et donc les complications pour les élèves qui au fil de l’année finissent par compiler un nombre conséquent de mots de passe à perdre ou à retenir, c’est selon…
Mot de passe pour l’intranet, pour le cahier de texte, pour lagestion d’Activités Choisies au Collège, pour le gestionnaire de fichiers du cours d’Arts Plastiques, pour l’accès à Wisemapping, pour l’accès à EvalQcm, pour le blog WordPress du cours d’Arts Plastiques, de l’adresse mail de education.laposte.net (qui est maintenant pleine de publicités !!! ô tempora, ô mores ! ) et j’en oublie.
Bref, après avoir testé quelques services Cloud (voir articles précédents), l’offre de Google Apps Education est apparue comme une piste pragmatique où il est possible de simplifier les usages en agrégeant différents outils dans un seul compte.
Malgré les nombreuses questions voire réserves que l’on peut avoir sur le secret des données disposées ou échangées via une plateforme propriétaire, il est clair qu’aucun service équivalent n’est à l’heure actuelle disponible gratuitement. La mise en place est donc en cours cette année, malheureusement sans créer de liens avec les serveurs de l’établissement, c’est à dire sans bénéficier ni d’un annuaire LDAP, ni de Activ Directory ; avec donc, une gestion des utilisateurs plutôt artisanale voire laborieuse.
Cette année est une année d’expérimentation, le projet vise à des usages plutôt ciblés et dans un premier temps restreint à l’enseignement des Arts Plastiques mais avec la possibilité d’ouverture de services dédiés à d’autres disciplines.
Des logiciels à disposition au collège, à l’internat, à la maison, voire en accès nomade.
A force d’échange avec les élèves et leurs parents, force est de constater que le non-respect des licences donc le piratage (souvent involontaire) est un sport national difficile à cautionner en tant qu’enseignant.
On peut toujours fournir des logiciels libres, mais beaucoup freinent à installer des logiciels qu’ils ne connaissent pas sur leur machine, encore faut-il qu’ils sachent le faire, que celui-ci fonctionne sous MacOS, Windows et Linux, voire FreeBSD ou ChromeOS (pourquoi pas?).
Si par hasard le moindre incident de configuration se fait sentir, il est bien possible que la bonne idée se transforme en boulette et la situation d’empêchement qui suit pourra se répercuter sur plusieurs années.
Et puis, il y a le problème de l’interopérabilité… Un grand problème, l’idée de donner accès à des ressources numériques implique que celles-ci soient exploitables, en lecture, en modification, mais aussi en relecture in fine… Si un élève réalise une très belle image avec un logiciel sous psd à partir du jpg que vous lui avez mis à disposition, encore faut-il que l’enseignant soit en possession d’une licence lui permettant de prendre connaissance de ce travail ; d’où l’intérêt de fournir des logiciels utilisables gratuitement par tous en cours et hors des murs.
En résumé, l’expérimentation repose sur la mise à disposition des élèves des outils numériques suivants :
- Services accessibles
sur site et hors le murs (smartphone et tablette inclus) :- une adresse mail @isaac-etoile.info
- un espace de stockage de 30Go
- des listes de diffusion par classe/niveau/établissement
- Environnement de cours interactif : (Classroom)
- Logiciels de :
- Traitement de texte collaboratif (Gdoc)
- Tableur (GSheet)
- PréAO (Gslide)
- DAO (Gdraw)
- Retouche d’images (PixlR – editor et express)
- Cartes mentales ou heuristiques (MidMup -comp. Freemind)
- …
Des objectifs et des interrogations multiples
Les objectifs de ce dispositif sont multiples : rationaliser et aider au questionnement des usages TICE en Arts Plastiques, développer des usages permettant une pédagogie s’appuyant sur un « cours augmenté », soutenir les liens entre des cours espacés dans le temps, favoriser les questions artistiques propres aux supports numériques et/ou interactifs ; favoriser les apprentissages multiples en s’adressant à des compétences potentielles des « digital natives » ou digiborigènes.
Bien sûr, tous cela est placé sous l’égide d’une entreprise qui si elle offre ces services, sait bien qu’elle se prépare des clients, mais nous avons bien dit que ce dispositif était expérimental et que pour l’instant il n’existait pas d’autres produits offrant un tel bouquet de services…
Par ailleurs, il est clair que rien n’interdit le fait que le moteur de recherche par défaut des postes de la salle d’Arts Plastiques soit DuckDuckGo : moteur de recherche libre et sans tracking. Rien n’empêche que les ressources proposées soient conçues de façon à pouvoir basculer sur une plateforme Moodle ou Ganesha, l’important est peut être de traiter l’immédiat et de ne pas perdre de vue les intentions pédagogiques initiales.
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